Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/14

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tendue réformée, et je ne m’écrierai pas : Tout a péri en France ! Il n’y a plus de loi, plus de décence, plus de sentiment des convenances. Ce cimetière m’en est le témoin ; les prêtres l’ont déclaré athée, j’y consens, ils doivent savoir comment il l’est ; pour moi, je le déclare ennemi de l’ordre social, une monstruosité scandaleuse envers les morts, capable de pervertir à jamais les vivans. Je me hâte d’en sortir pour défendre à mes enfans de confier mes restes à une terre fatale pour toute noblesse. Bon vieux temps, ne reviendras-tu jamais pour détruire cette œuvre coupable de la philosophie moderne ! »

Ce personnage parlait d’un ton si animé par la colère lorsqu’il prononçait cette diatribe, en s’entretenant seulement avec un de ses amis, qu’il attira bientôt autour d’eux une foule fort étonnée de son discours. Chacun se tut de peur de se compromettre inutilement avec un homme inflexible dans ses préjugés. Dès qu’il se fut éloigné, les langues se délièrent. Un des témoins de ces anathèmes, âgé de plus de cinquante ans, paraissant posséder une tête froide et l’esprit d’observation, tint, aux personnes qui l’environnaient, à peu près ce discours : « Le personnage que nous venons d’entendre se trouvait dans un moment de vivacité où la