Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/144

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Auprès de lui gît un astronome dont le génie ne produisit ni calculs profonds, ni théorie savante. Il vécut dans une entière indifférence sut ce qui se passait sur cette terre, à l’exception de la pluie, du beau temps et du vent, dont il enregistra durant cinquante ans les plus légères variations. Pendant ce demi-siècle entier, chaque nuit, il observa l’état du ciel avec une si merveilleuse patience, qu’à lui seul il découvrit l’apparition de douze comètes ; aussi Louis XV l’avait plaisamment nommé le Furet. M. Messier mettait un tel point d’honneur à cette investigation, qu’ayant omis, durant les derniers momens de sa femme, de monter à son observatoire, il fut au désespoir de ce qu’un Limosin eût saisi cet instant pour attenter à son honneur en découvrant une comète qui aurait fait pour sa part la treizième.

Quelle distance de cet esprit méthodiquement étroit avec la hardiesse du génie de Chénier, qui s’éleva si haut sur le Parnasse. La postérité pourra seule assigner sa véritable place, lorsqu’une sévère équité envers sa mémoire aura écarté loin d’elle les préventions produites par sa conduite politique, par l’engoûment des partisans de ses opinions : bornons-nous à considérer en lui, dans cet asile mortuaire, le poète qui enrichit notre langue des beautés du Cimetière de Gray, et des jugemens pleins de jus-