Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/172

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naparte, lors de son retour de l’île d’Elbe, ne le fit pas entrer dans sa Chambre des pairs. Le peuple se souvint de Lanjuinais et le nomma son représentant dans le département d’Ille-et-Vilaine. Un suffrage unanime le porta à la présidence de cette chambre. Sa modération sut y contenir la turbulence de quelques esprits ; son influence produisit le rejet de mesures qui auraient encore pu faire couler le sang français. Rentré dans la Chambre des pairs, M. le comte Lanjuinais se prononça contre les lois sur la suspension de la liberté individuelle, sur les cours prévotales, sur l’amnistie, sur le nouveau concordat ; jamais il ne se tut devant des mesures ou des lois opposées à ses sentimens personnels. Ses opinions, fondées sur la conscience d’un homme juste et éclairé, étaient d’un grand poids dans l’opinion publique. Cependant cet homme célèbre pendant trente-sept ans par la distinction avec laquelle il remplit de hautes fonctions, ce vieillard sur lequel s’étaient fixés pendant si long-temps les regards publics, disparut presque inaperçu de la scène du monde sur laquelle depuis longues années il ne paraissait que dans un sanctuaire où le public n’entendait plus sa voix. Il était presque devenu un personnage historique pour la jeunesse ; les contemporains de sa vie étaient presque tous entrés dans la tombe avant