Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/192

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vant laquelle cinquante mille ennemis firent, durant plus d’une année, de vains efforts. Cependant tout était péril pour les Français dans cette ville sur laquelle ils faisaient peser un joug de fer ; dont, pour se défendre, ils ne respectèrent ni les propriétés publiques, ni les propriétés particulières : au dedans, il leur fallait contenir une population indignée ; au dehors, il leur fallait repousser de continuelles attaques, en se défendant pour un gouvernement qui n’existait plus dans leur patrie. Le maréchal Davoust eut à se justifier, en rentrant en France, d’avoir employé des moyens trop durs pour se maintenir dans une place dont la conservation était pour lui un devoir sacré lorsqu’il s’y renferma. Revêtu, l’année suivante, d’un pouvoir éminent, ce poste éphémère lui attira également la censure de ceux qui avaient embrassé la cause qu’il défendit, et des serviteurs fidèles de l’antique monarchie. Terrible position des personnages élevés dans des temps difficiles ! s’ils triomphent, ils ont eu des intentions parfaites ; ceux dont ils ont suivi les bannières sont-ils vaincus, la moindre erreur devient pour eux une faute énorme, la faute la plus légère est un crime. Ainsi le vulgaire juge les hommes, non d’après le mérite réel de leurs actions, mais d’après leurs succès. Il n’est qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne.