Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/267

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voir, au pied d’une humble croix, briller les insignes de la vanité qu’elle terrassa.

Derrière, sous un piédestal, repose M. Audinot, propriétaire du théâtre de l’Ambigu-Comique. Sur la même ligne le buste de mademoiselle Raucourt la représente la tête ceinte du diadème théâtral, dont depuis long-temps ses traits, anéantis par la mort, repoussent l’éclat éphémère. A ses côtés se voit, dans une niche, la figure de Corsse, acteur du boulevard, qui n’ambitionna jamais le cothurne, ni même les rôles de la haute comédie, mais qui se contenta de faire fortune en désopilant la rate des badauds riant aux éclats, il y a quelque trente ans, de le voir représenter les grands airs de madame Angot devenue millionnaire, singeant dans un hôtel le ton des grands seigneurs, en se servant des manières et du langage des halles dont elle sortait naguère. Au-dessous repose mademoiselle Contât, sous un abri de roses. A sa gauche est la sépulture de l’acteur Philippe, dont on remarqua le jeu effrayant dans le rôle du Vampire.

Au milieu de ces personnages de théâtre s’élèvent des tombeaux dont les souvenirs produisent des sentimens différens. Chacun aime à lire cette douce pensée sur la sépulture de la famille Isabey : Ici repose mon meilleur ami, c’était mon frère. Vers l’allée montant à la cha-