Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/27

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en excitant les princes à les poursuivre sans relâche, à les exterminer sans pitié. A ce prix ils leur promirent part fort ample dans la béatitude des deux.

Tous ceux qui s’adressaient aux Jésuites pour la direction de leur conscience étaient conduits suivant leurs inclinations : sévères, ils trouvaient parmi eux des directeurs austères ; enclins à faire le mal, même à ne pas s’en corriger, ils éprouvaient les effets de leur conduite obligeante, accommodante, tendant les bras à tout le monde ; chacun était lavé de toute souillure, blanchi, absous de tous crimes, en affirmant avoir suivi une opinion probable : or, les casuistes jésuites s’étaient évertués, par ce système, à rendre les crimes les plus noirs exempts de péché. Ils acquirent ainsi d’innombrables pénitens ; ils parvinrent à diriger la conscience du peuple, des grands, de presque tous les souverains catholiques : leur pouvoir fut immense. Leur orgueil s’indigna d’entendre s’élever des voix désapprobatrices de leurs principes. Pour se venger, leur politique résolut de transformer ses adversaires en une secte qu’ils pourraient à leur gré faire poursuivre par les princes, comme rebelle aux lois de l’Eglise et de l’Etat. Ils exhumèrent, à ce qu’ils prétendirent, d’un ouvrage latin publié après la mort d’un évêque flamand (mort dans la communion romaine et