Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/40

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paraissait inébranlable, leur domination sans mesure : quel mortel se serait senti assez hardi pour oser tenir dans ce lieu, aux Jésuites assemblés, ce discours : « Mes Pères, vous bâtissez sur le sable, tous vos projets s’évanouiront, et vous aussi ; les excès de votre puissance seront eux-mêmes la cause de votre ruine. Avant cent ans vous disparaîtrez de tous les royaumes catholiques ; Rome elle-même anéantira votre Société ; vos maximes seront abhorrées ; votre nom lui-même deviendra une injure ; durant soixante ans vous ne posséderez nulle part d’existence publique ; l’autorité du prince vous dépouillera de vos établissement ; elle vous chassera de plus d’un royaume, comme les ennemis de l’ordre social ; vos biens seront vendus à l’encan au profit de vos créanciers ; la maison de plaisance elle-même, qui brille dans cette enceinte sera rasée et cédera sa place à une chapelle mortuaire ; cet enclos dans lequel vous vous plaisez, dans lequel vous vous livrez à la joie, dans lequel vous admirez votre puissance et sa violence, deviendra un lieu de deuil, de tristesse, de pleurs ; un cimetière… Son orangerie servira d’abri pour façonner des tombeaux ; ils couvriront tout dans ces murs ; sur cet endroit lui-même où vous tenez vos conseils, la cendre[1] des arrière-neveux des

  1. Le ministre Mestrezat est précisément enterré sur la