Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/85

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honneurs de la cour ; des ambitieux, courant après la fortune ; des étrangers, se pressant pour admirer sa magnificence et jouir de ses plaisirs ; résidence du prince et des autorités publiques, sera toujours une haute école où mille et mille exemples instruiront de la futilité des biens, des honneurs, des avantages dont l’homme jouit pour un instant, et de la fragilité de la vie. Chacun frémit pour soi-même en voyant, dans l’inévitable terme de la nature humaine sur notre sphère, l’Indien proche du Parisien, le Russe près du Créole ; des députés de toutes les nations, des hommes de tous les âges, de tous les rangs, de toutes les opinions politiques, de toutes les croyances religieuses ; le savant au pied de l’ignorant ; le nonagénaire près d’un enfant dont l’œil entrevit à peine la clarté du jour. Le brave respecté par le fer ennemi, le hardi navigateur respecté des flots, le conquérant dont le bras et la voix firent partout marcher devant soi la mort, sont tombés auprès du timide bourgeois qui craignit de perdre de vue son clocher ; elle n’a pas épargné ni la vierge pudique, ni la mère de famille, ni l’adolescent, ni l’homme dans la force de l’âge ; la voix de l’orateur et du magistrat s’est glacée. La mort a percé de son inexorable glaive le millionnaire sous la pourpre, l’indigent sous les haillons ; une même terre a reçu leurs res-