Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/98

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garde-du-corps fuyant devant une horde ivre de sang et de carnage ; il le couvre de son corps, l’arrache à la mort, le conduit dans sa maison. Malgré son propre danger dans ces momens terribles, il l’y cache pendant trois jours entiers. L’homme en péril possédait toujours dans son âme des droits à sa protection, quelle que fût son opinion personnelle. Voyageant dans une voiture publique, ses compagnons de route reconnaissent au milieu d’eux un agent de la terreur ; ils le menacent de le punir à l’instant eux-mêmes des excès qu’ils lui reprochent. L’effroi saisit le malheureux ; se croyant près de périr, il est atteint d’une violente attaque de nerfs. Dans cette position, Desplas ne saurait lui dénier son secours ; il quitte la voiture avec lui, le rappelle à la vie, le soustrait au danger qui menaçait sa tête. Cette bonne action reçut sa récompense. Dans ce temps où personne n’était certain de ses jours, Desplas, dénoncé, est conduit à sa section ; menacé d’être emprisonné, le même individu qu’il avait protégé devient son défenseur, sa caution, le ramène dans ses foyers. Un soldat russe, attaqué du typhus, se réfugie dans sa maison en 1814. Desplas sait combien cette maladie est contagieuse, même mortelle ; il le fait traiter et déclare qu’il ne saurait l’abandonner avant d’être certain de sa guérison complète. Un