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Page:Marcil - L'héritière d'un millionnaire, 1867.djvu/29

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Renaud ajouta : Je ne tiens pas à avoir le dernier mot dans la discussion d’un sujet aussi délicat !…

On se leva.

Mademoiselle, fit Renaud, je vous demande comme une faveur dont je suis bien indigne, celle de vous presser la main.

Blanche tendit la main : elle disparut presque dans celle du jeune homme. Cette disparition fut presque longue ! Lequel des deux retira le premier sa main ? Cela ne fut pas saisissable.

Bref ! les salutations faites de part et d’autres, les deux amis se dirigèrent du côté de la porte, saluèrent de nouveau et sortirent.

À quelque distance de la maison, Renaud recommença ce monologue et gesticulation que nous lui connaissons déjà. Il se crut pour un instant dans le champ vague confinant aux murs de l’Hôpital.

— Mais elle est belle dit Gérard !

— Imbécile !

— Quoi ?

— C’est de la bénédiction qui marche, qui respire, dis donc : c’est de la suavité qui a des ailes ! c’est de l’idéal réalisé !

— Voyons ! voyons ! je vais dire comme mademoiselle : pas d’exagération !

Tu es bien heureux, toi, de ne pas avoir cet ange pour te tourmenter ! Gérard, tu ne sais pas une chose que je vais t’expliquer la suprême félicité est une souffrance infinie ! le bonheur confine au châtiment.

— Pas de paradoxes !

— C’est vrai ce que je dis là, et je suis convaincu plus que jamais de ces deux vérités.

Jusqu’au moment de se laisser pour leur bureaux respectifs, les deux amis discutèrent ces singuliers paradoxes plus invraisemblables qu’ils ne le paraissent d’abord. Pour Renaud aucun doute que Blanche devenait un cauchemar, quelque chose de très ressemblant à une tyrannie.

L’âme est accessible au fer rouge ! L’amour n’a-t-il pas pour instrument de torture la beauté juvénile, la candeur des grâces, ces charmes dont est pétrie la femme !