Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/121

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Car tant à l’occasion de la court de l’Empereur, que pour les diverses traffiques de marchandises, une infinité de peuple y arrive, qui toutesfois s’arreste es faulxbourgs pour faire & expedier leurs traffiques. Aussi ne sont les faulxbourgs moindres en magnificence & sumptuosité de maisons, que la ville, hors mis le Palais royal. Au dedans de la ville jamais ne se faict sepulture ou funerailles d’aucun corps mort, mais hors les faulxbourgs, assavoir on fait brusler les corps de ceulx qui adorent les idoles, & des autres sectes, ilz sont inhumez & enterrez. Et pource qu’en tout temps en ce lieu y a grande affluence de gens estrangiers, y a aussi dedans les faulxbourgs ordinairement environ vingt mille putains, mais dedans l’enclos de la ville jamais on n’en souffre aucune. Il est impossible de declairer la quantité des marchandises & richesses qui de toutes partz sont apportées en ceste ville : Car on estimeroit y en avoir à suffire pour tout le monde. On y apporte des pierres precieuses, perles, soyes, & diverses espiceries des Indes, de Mangi, Cathay, & autres regions. Car ceste ville de Cambalu semble estre le centre & mylieu de toutes les regions & provinces circonvoisines. Et ne se passe jour en l’année qu’on n’y ameine par les marchans estrangers environ mille charrettes chargees de soyes, desquelles sont faictz par les ingenieux artizans de la ville de fort singuliers draps, & habillemens.