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Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/170

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De la province de Mien, & des bocaiges d’icelle.
Chapitre         XLIII.



Sortans de la province de Caraiam, on vient en une grande vallée qui dure pres de trois journées, tousjours en devallant, & sans y trouver aucune habitation, encores qu’il y ayt une belle plaine, en laquelle par trois jours en la sepmaine on faict de grandes traffiques, & y a une grande assemblée de peuple comme en une foire. En icelle descendent des haultes montaignes du pays plusieurs personnes qui apportent de l’or pour le Permutation d’or a l’argent.changer & permuter avec de l’argent, & baillent ordinairement une once d’or pour cinq once d’argent. Au moyen de quoy plusieurs marchans des nations, & pays estranges y viennent pour y faire telles traffiques & permutations de l’argent avec l’or. Mais au regard de ces haultes montaignes, les paysans qui y demourent, & recueillent l’or dessusdict, y vivent en grande seureté, & sans crainte d’estre molestez. Car elles sont inaccessibles aux estrangers, pource que les chemins en sont si falcheux & difficiles, que plustost on s’y egare, que de rencontrer les cachettes de ces paysans. De la on vient a la province de Mien, laquelle sur la coste de Mydi est limitrophe des Indes, & contient plusieurs grandz boys & foretz esquelz repairent infiniz elephans, licornes, & autres bestes sauvages : au reste le pays est desert & non habité d’aucuns hommes.