Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/187

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de son entreprinse. En ce temps mon pere, mon oncle & moy estions a la court & suitte de l’Empereur, auquel remonstrasmes, que s’il luy plaisoit nous entendre & acquiescer a ce que luy conseillerions faire, que luy baillerions des moyens par lesquelz en brief la ville pourroit estre prinse & reduicte en son obeissance. Assavoir de certains engins artificielz, dont au pays ilz n’avoient encores eu l’usage, ce que voluntiers il accorda. Au moyen de quoy nous fismes dresser par aucuns charpentiers Chrestiens qu’avions en nostre compaignie, trois instrumentz & engins pour jecter pierres de telle grandeur, que chacun engin chassoit une pierre de trois cens livres pesant. Ces engins furent incontinent chargez en deux navires, & envoyez au camp. Et apres les avoir dressz contre la ville de Sianfu, on commença a charger & jecter de gros moilons & quartiers de pierre dedans la ville, dont la premiere tumba sur une maison, de telle violence & impetuosité, qu’elle fouldroya & abbatit la plus grand part d’icelle. Ce que voyans les Tartares, mesmes ceulx qui assiegeoient la ville, furent merveilleusement estonnez & esbahys. Et au regard de ceulx qui estoient dedans la ville plus grandement effraiez de ces nouveaux assaultz, & congnoissans en quel danger & extremit& ilz estoient reduictz par leurs ennemys, en sorte que mesmes dedans leurs maison ils n’estoient en seureté, pour obvier que la ville par le moyen de la violence de telles pierres fust demolie & ruynée, & les habitans affolez, demanderent a parlamenter & se