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De la cité de Quinsai.     Chap.   LXIIII.



A distance de cinq journées de Singui est située une autre belle ville & de grand renom appellée Quinsai, qui signifie en leur langue cité du ciel, laquelle est si grande & spacieuse qu’a mon jugement elle n’a sa pareille en grandeur en tout le monde : ce que moy Marc Paule puis asseurer pour y avoie esté, & diligemment recherché toutes les choses memorables d’icelle, mesmement les coustumes & meurs des habitans, & tout ce que j’en ay peu veoir & congloistre briefvement & fidelement je le declaireray. La ville de Quinsay contient de tour & circuit environ trentequatre lieues : en icelle y a douze mille pontz de pierre si hault voultez & eslevez que les grandz navires avec le mast dressé & voiles tendues y peuvent facilement passer. Or l’assiette de la ville est en lieu marécageux, comme peult estre la ville de Venise : au moyen dequoy sans les pontz dessusdictz on ne pourroit aller d’une rue en autre. En icelle y à infiniz artisans & marchadz, tellement que ce seroit chose incroyable si j’en voulois assigner le nombre certain. Les maistres ouvriers ne travaillent point a la besongne, mais ont des serviteurs a ce destinez & ordonnez. Les citoyens vivent en grandz delices & voluptez, mesmement les femmes : au moyen dequoy elles y sont plus belles & braves qu’en nul autre pays. Sur la coste de Midy au dedans les clostures de la ville y a