Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/195

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montaigne ſur laquelle eſt baſtie & erigée une haulte tour, au plus hault de laquelle ſont dreſſez certains aiz de bois en telle ſorte, que les touchans d’un marteau ilz rendent un grand bruit, ce qu’ilz reſervent pour tel uſage, que ſi le feu ſe prend en quelques endroitz de la ville incontinent que les guettes qui ſont eſtabliz en ceſte tour l’apperçoivent font à coups de marteaux reſonner ces aiz, le bruit deſquelz eſt facilement entendu par les habitans, qui alors courent la part ou eſt le feu pour l’eſteindre. On faict auſsi reſonner ces aiz quand il advient quelque ſedition, tumulte ou eſmotion populaire en la ville. Toutes les rues & places de la ville ſont entierement pavées de pierre, qui eſt cauſe qu’elle eſt en tout temps nette. On trouve dedans la ville environ trois mille maiſons publiques deſtinées pour les baings & eſtuves eſquelz les habitans ſe vont publiquement baigner, & nettoyer le corps, choſe qu’ilz ont en ſinguliere recommendation, de ſe tenir nettement de leur corps. Ceſte ville n’eſt a diſtance de la grand mer Occeane que d’environ huict ou dix lieues, meſmes juſques alendroict ou eſt ſituée la ville de Canfu, qui eſt ſur le rivaige de la mer, ayant un havre fort commode, auquel viennent ſurgir infiniz navires, tant des Indes qu’autres regions. Oultre que la riviere qui paſſe par Quinſai deſcend & ſe vient deſgorger en la mer alendroict de ce port de Canfu, au moyen dequoy infinies marchandiſes y ſont tranſportées. La province de Mangi a cauſe qu’elle eſt de grande eſtendue à eſté diviſée par le grand Cham en neuf