Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/197

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brusler avec le corps mort : se persuadans que le defunct en l’autre monde sera jouïssant de toutes ces choses, & aura autant de serviteurs en son service. En apres ilz font resonner certains instrumentz musiquaulx, estimans que leurs dieux reçoyvent le defunct en telle & semblable pompe & honneur, comme ses parentz, en faisant ses obseques & funerailles, en font. En ceste ville de Quinsai y à un brave & magnifique palays, auquel Facfur (paravant Roy de la province de Mangi) tenoit ordinairement sa court. La derniere muraille qui clost & environne en quarré le chasteau, contient de tour plus de trois lieues, estant eslevée a juste haulteur à l’equipolent. Au dedans l’enclos de ceste muraille y à des jardins excellens avec toutes forces d’arbres & fruictz singuliers. Oultre y a de belles fontaines & viviers bien peuplez de poisson : & au mylieu est assis le palays Royal fort ample & spacieux : le pareil duquel, soit en sumptuosité ou magnificence, a peine se trouveroit en tout le monde. En iceluy y à vingt salles de semblable grandeur : en chacune desquelles on peut faire assiette & commodement traicter dix mil hommes ensemblement : oultre que toutes ces salles sont painctes & tendues de tepisseries a la mode Royalle. Au rest on estime que dedans la ville de Quinsay y à six cens mil feuz ou familles, telles que peut constituer un homme avec sa femme enfans & serviteurs. En icelle y à seulement une eglise de Chrestiens, encores Nestorians. Oultre y à une coustume en la ville, & mesmes en toute la province de Mangi