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voir & s’eslever un vent contraire qui malgré les pilotes fera retourner le navire.


De la grande isle de Madaigascar.   Chap. XXXIX.



A l’issue de l’isle de Scoira tirans vers Midy par trois cens cinquante lieuës, on vient en l’isle de Madaigascar, qui est reputée & nombrée entre les plus grandes & plus opulentes isles du monde : car on dict qu’elle contient de tour & circuit environ quinze cens lieuës. Les habitans d’icelle sont Mahumetistes, & n’ont aucun Roy particulier : mais y à quatre anciens magistratz qui gouvernent & commandent sur toute l’isle. En icelle se trouve tant d’elephans qu’on n’estime contrée du monde en produire d’avantage, au moyen dequoy s’y faict grande traffique de marchandise d’yvoire, comme semblablement en une autre isle voysine appellée Cuzibet. Et par le jugement des marchans ne se retire pas du reste du monde si grande quantité de dentz d’elephans (qui est le vray yvoire) que lon en trouve en ces deux isles. Les habitans ne mangent point autre chair que de chameau, par ce qu’ilz estiment qu’elle leur est plus saine & de meilleur appetit, joinct qu’en ceste isle y à des chameaux sans nombre. Oultre y à plusieurs forestz de sandaulx rouges qui sont cause d’y attraire plusieurs marchans & y faire de grandes traffiques. Et au regard de la mer adjacente on y prend plusieurs grandes balaines, desquelles on