Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/4

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participans. Ce qui vous cauſa une affection bien grande (encores que la langue Latine vous ſoit aſſez congneue) de veoir reduict en noſtre vulgaire François ce qu’en avoit deſcrit icelluy M. Paule, affin que par sa lecture voſtre eſperit deſireux, & affectionné en la congnoiſſance de telles choſes fuſt aucunement raſſaſié, comme auſſi par raiſon la vraye source donne plus de contentement que les ruiſſeaux qui en derivent : & de faict vous tournant vers moy, donnaſtes aſſez a congnoiſtre le deſir qu’aviez de m’en faire entreprendre la charge. Laquelle je receuz de vous auſſi affectueuſement, comme j’aurois bien le vouloir en pluſgrande choſe m’employer : & touteſfois premier que vous en faire ſi promptement la promeſſe, je devois eſprouver mes forces, & conſiderer que noſtre langue Françoise eſt pour le jourdhuy ſi ſuperbement illuſtrée & enrichie par tant de nobles eſperitz, que le mien foible & imbecille n’y pourroit non seulement attaindre, mais en approcher : encores craindrois beaucoup par ceſte peu adviſee entrepriſe leur avoir oſté l’occaſion & moien d’y mettre la main, & d’en encourir blaſme, n’eſtoit que le bon vouloir que j’ay de faire chose qui vous ſoit agreable me faict croyre que facilement ilz excuſeront & mon inſuffiſance, & mes affaires qui n’ont permis d’y pouvoir vacquer ſi exactament & avec telle diligence que l’œuvre le requiert. J’auray en oultre a reſpondre a la cenſure de pluſieurs nouveaulx eſperitz curieux de termes innovez ou empruntez