Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/61

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ne de ces pierres precieuses, sans l’expres vouloir & permission du Roy du païs, auquel alles appartiennent, pour en disposer à son bon plaisir : au moyen de quoy les envoye ou donne à qui luy plaist. Aucunefois les baille en payement de son tribut, autresfois les change pour de l’or & argent, & toutesfois il y a au pays si grande quantité de ces pierres, que s’il estoit permis à un chascun de les tirer de terre, & de les transporter ou vendre, le Roy n’en retireroit aucun proffit, & si on n’en tiendroit compte. En ceste contrée y a une montaigne qui produict une Azur de mine.miniere, dont lon faict le meilleur azur qui soit en tout le monde. Et se tire des mines comme on faict le fer : Semblablement on y trouve des mines d’argent. La region est bien froide. On y trouve grande quantité de bons Chevaulx non ferrez.chevaulx, qui sont grands & legiers, & ont le quartier du pied si dur & fort, qu’ilz n’ont besoing d’estre ferrez, encores qu’ilz courent ordinairement par montaignes & lieux pierreux. Oultre ce le pays est fort commode pour la chasse & le vol. Aussi y a grande quantité de bestes saulvaiges : semblablement de bons faulcons. Il y croist grande quantité de bledz, froment, orge, millet. Ilz n’ont aucunes olives, mais ilz font leur huille de noix & de sosime. Les habitans ne craignent aucunement les estrangiers, car il seroit difficile d’entrer en armes dedans le pays, pour les passaiges qui sont si estroictz, que eulx mesmes n’en peuvent facilement sortir pour courir sus à leurs ennemys. Leurs villes & chasteaulx sont fortifiez par artifice & par nature. Ilz ont de bons ar-