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Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/70

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es fleuves & rivieres plusieurs pierres precieuses, mesmement jaspes & cassidoines, lesquelles sont transportées par les marchans en la province de Cathai. Le païs de Ciarthiam est fort sabloneux, auquel y a plusieurs sources d'eaues ameres, qui est cause de rendre la terre maigre & sterile. Quand une armée estrangere passe par ceste province, tous les habitans d'icelle avec leurs femmes, enfans, famille, bestail & autres meubles s'en fuyent & retirent en une contrée voysine, ou ilz trouvent de bonnes eaues & pasturaiges : & y font leur sejour jusques à ce que toute l'armée de leurs ennemys soit passée. Et quand ilz fuyent ainsi devant leurs ennemys, le vent efface tellement l'impression de leurs piedz & vestiges à cause que le pays est sabloneux, qu'il est impossible de les suyvre à la trace. Mais si l'armée des Tartares y passe, attendu qu'ilz sont en leur subjection & obeissance, ilz ne s'en fuyent point, ains seullement destournent leur bestail, au moyen que les Tartares ne payent rien de leurs vivres, quand ilz marchent par pays en armes. Sortans de ceste province convient pieter le sablon l'espace de cinq journées, ou lon ne trouve que bien peu d'eaue qui ne soit ameres, & jusques à ce qu'on vienne à une ville appellée Lop. Et fault noter que toutes les provinces cy dessus declairées, assavoir Cuscar, Carcham, Cottam, Peim, & Ciartiam, jusques à la ville de Lop, sont situées & assignées au dedans des limites de la grande Turquie.