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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/157

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écoutassent attentivement ce que j’avais à leur communiquer. Quand je fus certain que nos sauvages étaient tout yeux et tout oreilles, je dis à l’interprète de s’adresser de préférence aux anciens de la troupe et de leur demander si leurs pères ne leur avaient jamais parlé d’une ville bâtie autrefois dans les environs par des Huayris espagnols, et que les Suchimanis et les Carangas de la rivière Inambari avaient incendiée. Cette question produisit l’effet d’une pierre lancée dans une mare à grenouilles. Tous les sauvages se démenaient, s’interrogeaient et se répondaient à la fois, et les mots : Sacapa huayris Ipaños, prononcés par eux avec un feu et une volubilité extrêmes, témoignaient clairement que l’histoire de San-Gavan et des chefs espagnols, transmise par les pères aux enfants, était connue de toutes les nations de ce territoire. Après m’être enquis des Suchimanis et des Carangas, qui, depuis un nombre d’années que les Chunchos ne pouvaient préciser, avaient quitté le pays compris entre l’Ollachea et l’Inambari pour aller s’établir sur la rive gauche du rio Guaporé, un des bras du Beni, où ils se trouvaient encore, je demandai à nos Siriniris, par l’intermédiaire de l’interprète, si l’emplacement de l’ancienne ville était bien éloigné, et dans quelle direction nous devions marcher pour l’atteindre. Tous les bras me désignèrent l’est-sud-est au lieu de l’est plein que je comptais suivre. La Panthère,