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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/28

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Quand je me réveillai, il faisait grand jour. Étonné du silence qui régnait autour de moi, je m’habillai précipitamment et ne fis qu’un saut dans la cour. N’apercevant ni muletiers, ni mules, j’envoyai sur-le-champ un mozo à la recherche de nos hommes, à qui les Indiens du domaine avaient donné l’hospitalité sous leur toit. Ces braves gens ne tardèrent pas à paraître, les yeux gonflés et la tête alourdie, par suite des excès bachiques auxquels ils s’étaient livrés en compagnie de leurs hôtes. Les mules furent tirées de l’écurie, et, pendant qu’on procédait à leur harnachement, je priai le majordome de l’hacienda d’aller réveiller nos amis, s’ils dormaient encore, et quand ce serait fait, de me choisir lui-même une douzaine de moutons fumés et quelques meules de fromage. Le majordome s’empressa d’obéir. Lorsque notre troupe fut au complet et les nouvelles provisions entassées sur le dos des mules, je réglai mes comptes avec lui et le gratifiai d’un pourboire, en échange duquel il me baisa la main en m’appelant son père. Restait à prendre congé du maître de l’hacienda, et je priai don Pedro de me conduire près de lui ; mais il m’assura que toute démarche à cet égard serait en pure perte, le digne vieillard étant étendu sur son lit et hors d’état de répondre à ma politesse.

Nous quittâmes Lauramarca. Comme la matinée était déjà avancée, nous éperonnâmes nos montures