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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/114

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des hommes ! C’est à elle, monsieur, que j’ai dû tous mes malheurs, et si je me suis permis de vous interpeller d’une façon un peu brusque peut-être, c’était, non par oubli des convenances, mais par excès de zèle, et pour vous éviter avec les tribunaux des désagréments pareils à ceux que j’éprouvai jadis.

— En vérité, monsieur, je ne sais comment vous exprimer ma reconnaissance… L’appellido de votre grâce, s’il vous plaît ?

— José Tamal, me dit l’homme en ôtant son chapeau.

— Et vous habitez probablement dans le voisinage ?…

— Je suis attaché à l’église de Tiabaya, en qualité de sonneur de cloches, d’organiste et de diezmero[1]. »

J’eus alors le secret de l’indéfinissable parfum de sacristie qu’exhalait cet individu, parfum que j’avais flairé tout d’abord, mais sans pouvoir au juste en préciser la qualité.

D’une taille fort au-dessus de la moyenne et d’une maigreur ostéologique, José Tamal avait, en outre, un visage triangulaire couleur d’ocre jaune, de grosses mains aux doigts noueux, et de grands pieds qui posaient à plat sur le sol comme ceux des palmipèdes. Un de ces chapeaux en laine de vigogne,

  1. Individu chargé de recueillir les dîmes.