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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/84

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logue de ce récit, non qu’il ait avec lui une connexion bien intime, mais parce qu’il m’a paru joindre au mérite de l’à-propos, l’avantage d’offrir une page intime et entièrement inédite de l’histoire des révolutions politiques du nouveau monde.

Il était environ deux heures du matin. J’avais passé ma soirée à feuilleter la Cronica Réal de Garcilaso de la Vega et la Historia del Peru de Blas Valera, en quête des chapitres où ces auteurs traitent de la première occupation de la vallée d’Ari-Qquêpa par les sujets de Mayta-Ccapac, et, parfaitement convaincu, après lecture des susdits chapitres, qu’aucun de ces auteurs, d’ailleurs si bien renseignés, n’avait trouvé la vraie signification du nom de cette vallée, j’achevais d’écrire la ligne suivante : « La véritable étymologie d’Aréquipa n’est pas celle que nos ethnographes ont cru devoir adopter sur la foi des auteurs espagnols du seizième siècle…, » quand un choc violent ébranla les volets entre-bâillés de ma fenêtre, située à un rez-de-chaussée donnant sur la rue, en même temps qu’une voix me jetait en passant cet avis sinistre : Revolucion, apaga U. la luz. (Révolution ! éteignez la lumière).

Courir à ma fenêtre, ouvrir à deux mains les volets intérieurs, avancer précipitamment la tête au dehors, la retirer plus précipitamment encore, en jetant un cri terrible, tout cela fut l’affaire d’une seconde. Dans mon empressement à juger de l’im-