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V
INTRODUCTION.

susceptible d’être admise en tous pays devient chaque jour plus pressant ; les savants de toutes nations apportent des documents pour l’œuvre commune, mais chacun écrit dans sa langue, et les bibliothèques donnent le spectacle de l’encombrement et de la confusion.

Bien des efforts ont été faits pour classer les travaux de provenances diverses, mais on n’est guère arrivé qu’à dresser des catalogues. Obligé de recourir aux publications originales, celui qui veut approfondir une question doit s’y consacrer tout entier. Ainsi le savant se spécialise, les vues d’ensemble se perdent, l’horizon de chacun se rétrécit.

Or, la Méthode graphique est essentiellement claire et concise ; elle présente dans leur ensemble les faits qu’elle exprime et en facilite la comparaison.

Mais, dira-t-on, jusqu’où peut conduire l’emploi de cette méthode ? N’est-elle pas un genre de représentation exceptionnel s’appliquant surtout à la statistique ? Elle éclaire, il est vrai, la marche d’un mouvement commercial et industriel ; mais entrera-t-elle jamais dans le domaine de la science proprement dite ? Telles sont les objections que je crois entendre. Et si j’osais dire que la méthode graphique peut s’appliquer à toutes les sciences, ou du moins qu’il est impossible d’en citer une seule où son introduction soit à jamais impossible, alors on crierait à l’absurdité. Vous prétendez, dirait-on, remplacer le raisonnement ! Vous voulez substituer des machines à l’intelligence humaine ; des courbes griffonnées sur un papier aux lumières de la dialectique, à la puissance des arguments !

À cela, on pourrait répondre que les arguments de la dialectique ne trouvent place que dans les discussions sur des sujets mal connus ; que là où se trouve l’évidence, il n’est plus