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XII
INTRODUCTION.

très-longues durées, soit qu’on ait à mesurer des temps extrêmement courts. Dans ces dernières circonstances, la chronographie est admirable ; véritable microscope du temps, elle montre que l’instant indivisible dont on parle souvent n’existe pas, et que parfois des actes réguliers, rhythmés et coordonnés d’une manière parfaite tiennent dans un centième de seconde.

Après cette initiation nécessaire, le lecteur trouvera des exemples d’inscription de toutes sortes de mouvements, depuis le plus simple, celui qui se fait en ligne droite et toujours dans le même sens, jusqu’aux plus capricieuses combinaisons qu’on puisse imaginer.

Mais la parfaite connaissance d’un mouvement n’implique pas encore celle de la force qui l’a engendré ; telle force qui, appliquée à une très-petite masse, l’entraînerait avec une vitesse prodigieuse, n’imprime à une grande masse qu’un déplacement presque insensible ; d’autres fois, sous l’action d’une même force, on voit la vitesse changer par suite de résistances extérieures. Ainsi, la connaissance d’un mouvement constitue une notion essentiellement incomplète ; la véritable détermination d’une force est celle du travail mécanique produit.

Il est vrai que le calcul fournit la mesure du travail dans les cas simples où l’on connaît la masse à mouvoir et la nature du mouvement qui lui a été imprimé ; mais la méthode graphique donne directement cette mesure, en combinant l’inscription des efforts développés à chaque instant, avec celle des chemins parcourus. J. Watt conçut le premier l’idée d’inscrire le travail et réalisa cette inscription pour le piston d’une machine à vapeur. Poncelet trouva une solution plus générale qui s’applique à la fois aux machines motrices et au travail de traction des fardeaux sur les chemins. Il faut étendre encore ce mode d’inscription du travail et l’introduire partout où les