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PREMIERS OBSTACLES

— Cela ne peut suffire. Je veux M.  Véber, le délégué français à Damas.

Furieuse, je proteste :

— C’est une moquerie, vous vous êtes renseigné depuis notre entretien d’hier et on vous a certainement dit que j’étais brouillée à mort avec ce fonctionnaire. Il m’est impossible de le faire intervenir.

Le consul répond laconiquement :

— Je ne puis vous unir qu’en présence de M.  Véber ; si vous ne le voulez pas, allez vous marier ailleurs.

Voilà une complication terrible. Il n’y a de consul du Nedj qu’ici, au Caire et à Londres. C’est sans doute l’ailleurs où m’envoie Abdel Raouf. Le consul s’adoucit, maintenant qu’il a refusé. Il m’explique que je n’aurai de chances de réussite qu’en Égypte ou en Palestine, parce que ces deux pays ne sont pas sous mandat français. Lui ne veut pas risquer d’ennuis avec les autorités en mariant une Française avec un Nedjien.

Là-dessus la séance est levée. Je suis désappointée, mécontente et soucieuse. Que vais-je faire ?

En tout cas, je vais avant tout quitter Damas. Je pars d’abord avec Soleiman pour Beyrouth où je veux faire mes adieux à mon plus jeune fils, étudiant à l’Université américaine. Il désapprouve mon projet de voyage vers le golfe Persique. Non que l’idée, en soi, lui semble mauvaise. Il voudrait surtout que je prenne le temps de perfectionner mon arabe qui me trahira immédiatement. En outre il faudrait, me dit-il, une année d’études musulmanes pour être prête à accomplir exactement les rites du pèlerinage.

Je n’accepte évidemment pas ces conseils. Je veux