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Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/145

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VIE DE HAREM

mon mari. Je n’étais pas très sûre, d’ailleurs, que cet homme, pétri d’orgueil, consentît à épouser une mulâtresse, même fille d’un sous-gouverneur. Quand j’en parlai aux femmes, elles mirent plusieurs jours à comprendre que ce n’était pas une plaisanterie. Étant jeune mariée, je devais normalement, à leurs yeux, être jalouse. En vérité, on remarque actuellement au Hedjaz une tendance en faveur de l’épouse unique, et il leur semblait extraordinaire que moi, seule femme de mon mari, je lui en offrisse une seconde.

J’entamai donc la discussion du prix à payer, et, après des heures de marchandage, j’offris de Mousny cinquante livres or, somme qui semblait convenir. Sett Kébir en parla au sous-gouverneur, et je lui en reparlai à mon tour.

Après de longues discussions, dans lesquelles il répondait toujours : « On verra demain », je croyais déjà que c’était chose faite, ravie d’avoir trouvé un dérivatif aux idées viriles de Soleiman, quand Ali Allmari m’annonça tranquillement, un matin, qu’il l’avait promise à un de ses cousins. Je regrettai Mousny, si pleine de charme et de joie de vivre.

Derrière le palais, le long de la mer, s’élevaient quelques huttes en tiges de roseaux.

On me dit que les nègres à vendre étaient là.


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