Aller au contenu

Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

165
LA PRISON

C’est trop bête et je questionne, indignée :

— Les témoins ont-ils dit cela avant ou après mon arrestation ?

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’ils l’ont certes inventé après coup. S’il avait craint quelque chose, il n’aurait évidemment pas bu. Il se méfie de tout au monde. Maintenant, l’imagination aidant, des témoins vont affirmer comme vrai tout ce qu’on voudra leur faire dire.

Un médecin s’avance :

— On a trouvé près de son lit une pilule très petite. Il dit en avoir avalé une semblable. Il les tenait de toi. Dis-nous ce que c’est.

Je hausse les épaules, je sais que rien de tout cela n’est vrai. Soleiman n’aurait pas pris des drogues remises par d’autres, et il y a huit jours que je lui ai donné pour le mal de tête un cachet de kalmine et des pastilles purgatives achetées à Suez.

Ce n’est pas cela qui a pu l’empoisonner.

Mais les médecins aperçoivent ma valise :

— Ce sont tes affaires ?

— Oui !

Ils se jettent dessus. Là se trouve certainement la preuve de mon crime. Ils farfouillent hâtivement, s’arrachant les objets des mains.

Enfin, l’un d’eux brandit une boîte de cacao :

— La poudre brune qui était destinée à Soleiman. La voilà.

Je leur expose, comme je puis, que c’est une nourriture très concentrée, qui se délaye dans le lait ou l’eau chaude et que j’emportais pour la traversée du désert.

Je veux en manger devant eux, pour prouver ainsi que c’est innocent, mais ils m’arrachent la boîte.