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LE MARI PASSEPORT

— Je parle toujours vrai, tous les Arabes de Syrie le savent, demande plutôt à Soleiman. Il te dira que je ne mens jamais.

— Haki saï. Parle vrai… Parle vrai… Tu lui as donné du poison hier matin, quand il est venu te voir au harem, on t’a vue…

— Tout le monde ment, on n’a pas pu me voir, parce que je n’ai rien donné. J’étais seule avec lui, ça a juste duré deux minutes et nous ne nous sommes même pas touché la main.

Où aurais-je pu cacher du poison dans le costume d’intérieur des femmes, pieds nus, bras nus ?…

— Haki saï. Parle vrai. Quand l’as-tu revu pour la dernière fois, et lui avais-tu déjà donné ces pilules ?

— Je l’ai vu pour la dernière fois hier matin vers neuf heures. Il m’a dit de vite préparer mes valises pour partir. Quand je suis redescendue, il n’y était plus, et je ne l’ai plus revu. Voilà le mystère. Puisqu’il n’a été malade que dans la nuit, qu’a-t-il fait toute la journée ? Pourquoi n’est-il pas revenu me chercher ? Tu le sais, toi ?

C’est moi qui questionne, mais sans obtenir de réponse.

— Je lui avais remis huit jours plus tôt des pilules laxatives, les mêmes d’ailleurs que celles qu’ont avalées avec succès toutes les femmes du harem, depuis les esclaves jusqu’à la première femme du sous-gouverneur. Vous avez le flacon avec les pastilles qui restent. Il y a même l’adresse de la pharmacie de Suez. Ce sont des remèdes ; examinez-les.

Et la journée se passe ainsi, devant ce chef de la police, hystérique, hurlant sans répit : « Haki saï ». Manœuvre hypnotique, qui, paraît-il, a son effet sur les Arabes, mais à laquelle je reste insensible.