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LE MARI PASSEPORT

geste de supplication. Peine perdue, ils disparaissent et je reste seule, déçue derrière mes barreaux. Ils n’ont probablement même pas pu m’apercevoir, car je n’ose avancer les bras à cause de la garde.

Mon corps est couvert de piqûres, aussi nombreuses que les pores de ma peau. Je me gratte jusqu’au sang pour satisfaire aux démangeaisons qui m’assaillent. À neuf heures, un garde vient me chercher pour me faire monter au-dessus où l’interrogatoire continue.

Je pousse un soupir soulagé.

Jaber Effendi et le docteur Ibrahim ne peuvent me donner des nouvelles de Soleiman.

Ils n’ont pas été à l’hôpital.

Le questionnaire est si monotone, c’est une telle répétition de formules identiques que je refuse de redire éternellement la même chose, et j’écris comme réponse à plusieurs questions semblables : « J’ai répondu ».

Je demande avec beaucoup d’insistance d’être confrontée avec Soleiman. Ils opposent une force d’inertie désespérante, et diffèrent cet entretien que toujours je crois possible. Je supplie qu’on me laisse voir le consul ou quelqu’un touchant de près le roi. Je leur confierai, dis-je, un secret et toute l’affaire sera éclaircie, puis je serai libre. Mes interlocuteurs sont très vexés que je ne veuille pas leur dire cela. Comment, au demeurant, leur expliquer ma situation ? Le mariage blanc que j’avais contracté leur est inconnu, le Coran le défend. Mais j’espère que des êtres plus civilisés pourraient le comprendre. J’ai peut-être tort…

Saïd bey arrive. Il porte des nouvelles rassurantes sur l’état de Soleiman. Je redoute et désire ardemment le voir, pensant que ma délivrance s’en-