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LE MARI PASSEPORT

3 mai. — Le miracle arrive. Jaber Effendi me présente un papier dactylographié qui dit : « Demain, à 16 heures, le délégué français viendra vous voir ».

Mon bonheur est indescriptible… après 13 jours d’attente, je n’espérais plus.

…J’attends tout de cette visite. L’absence totale d’information où je me trouvais était la chose la plus pénible qui fût. Mon impuissance aussi était une torture, je grillais d’envie d’agir et je ne pouvais absolument rien faire, lettres, paroles, tout restait sans réponse. Car les Hedjaziens ne comprennent probablement pas mes missives. Je compte les heures, les minutes, je guette à travers mes barreaux, lorsque M. Maigret arrive enfin, escorté des membres du consulat.

Je suis très émue, je peux à peine lui dire bonjour. M. M… me regarde, pas lavée, pas coiffée, la peau grise, mes bras pelant par plaques, et il me dit : « Je m’attendais à vous trouver dans un triste état, mais je n’aurais jamais cru que ce fût à ce point. »

Sa personnalité énergique et droite me donne tout de suite grande confiance, je suis soudain remontée. Il m’apprend que par mon mariage je suis soumise aux lois du Hedjaz et que lui, en ce moment, ne peut rien pour moi. Mais il m’assure avoir la certitude que tout se passera normalement, je ne serai pas transportée à la Mecque, ce qui est devenu pour moi une poignante obsession.

Il n’est pas question d’exécution immédiate, me certifie encore M. M…, une enquête est en cours, il faut attendre le résultat.

— Quelle sera la durée de l’enquête ?

— Ça dépend, répond-il, il y en a qui durent un mois, tandis que d’autres en prennent six.