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Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/228

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LE MARI PASSEPORT

Le secrétaire privé d’Ibn Séoud aurait dit mon affaire terminée et ma libération proche.

9 juin. — Sabour. Attendre, attendre toujours, dans une angoisse affreuse et quand tout en vous se révolte contre cette immobilité misérable.

Jaber Effendi me dit à travers les grilles que le cadi est rentré. L’espoir renaît en moi.

Samedi 10 juin. — Le roi est arrivé à 6 heures du matin, salué par une salve d’artillerie. Je ne doute pas un instant qu’il ne donne au cadi l’ordre de me libérer. M. M… m’a tant dit que je vais être libre.

Encore une fois, je me trompe. Toutes les formalités administratives, au contraire, sont arrêtées par la venue du roi. C’est qu’il convoque tous ses fonctionnaires et reçoit tous ses sujets.

Par le porteur de mon déjeuner, je fais demander au consul une visite supplémentaire, tellement je suis lasse. Mais lui aussi est allé saluer le roi…

J’attends tout de l’arrivée de Sa Majesté, elle semble maintenant retarder ma libération, à moins que je ne m’illusionne et que cette venue ne me rapproche de la mort. Je voudrais m’endormir et ne me réveiller que lorsqu’une décision sera prise, ma force de résignation est à bout. Crainte qu’on m’ait caché un sort affreux dans le but de me laisser croire jusqu’au bout à une impossible libération.

J’ai soudain une abominable crise. De mes espérances récentes, il ne me reste plus qu’une amertume atroce. Au début, j’acceptais le pire, tandis qu’à attendre, après cent promesses, une liberté qui peut-être va m’être refusée… Le ministre, M. M…, m’a dit : « Même si on vous mène au poteau d’exécution, ne craignez rien. » Qu’entend-il ?

Vers la fin de la journée, je reçois la visite inat-