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LE MARI PASSEPORT

complir les formalités nécessaires pour obtenir mon passeport nedjien de S. M. Ibn Séoud. Tout semblait maintenant s’arranger pour le mieux, je ne pensais plus qu’à mon retour à Palmyre, à revoir Pierre mon mari, mes enfants, sous l’empire d’un revirement inexplicable, tout le consulat réuni à dîner se mit à me conseiller de partir plutôt pour la France, en évitant de passer par la Syrie, de peur de troubles que mon retour pourrait provoquer parmi les Arabes, après cet essai tragique de mariage musulman.

Je n’attache d’abord aucune importance à tous ces conseils. Je répète à tous que je n’ai rien à faire en France, tandis que tout m’attend en Syrie, et les soirées se passent agréablement à jouer au bridge et au poker avec notre voisin le délégué de la légation d’Irak, Guelani Bey.

Je n’imagine pas alors ce qui m’attend. Certes, ce n’est pas une condamnation à mort, mais c’est une espèce de mort civile, sans motif compréhensible et qui ne s’explique que par la peur dont s’emplit parfois l’âme des petits « ronds de cuir » qui font la loi dans l’administration française. Loi qui se résume toujours dans la formule : « Surtout, pas d’histoires ».


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