de toutes les tortures, s’exprime sur tout avec délicatesse et semble oublier son monstrueux métier.
Ce n’est pas d’ailleurs un simple bourreau, un décapiteur ou un pendeur. C’est un « tortionnaire », un spécialiste de la peine humaine, une sorte de psychologue penché sur la sensibilité de ses pareils. Il s’occupe à chercher sans cesse les moyens les plus subtils de créer et d’aviver les douleurs dépassant la mesure…
Selon lui, dans la mort de Soleiman, il y a un coupable et l’enquête a été mal menée, en ne suivant qu’une piste : la mienne.
— Soleiman, reprend Maadi bey, se serait-il suicidé en voyant ta froideur et ton dédain ?
Je le dissuade de cette grossière erreur.
Soleiman se vantait partout de son brillant mariage, aura-t-il été victime d’un voleur ?
On a trouvé sur lui tous les chèques, mais cette monnaie fiduciaire est incomprise des Indigènes du Hedjaz. Quelles autres hypothèses ?
Je pense bien que Maadi bey serait en mesure d’en fournir, qui cadreraient de plus près avec la vérité. Mais il est aussi diplomate…
Le dernier jour, il regrette que je n’aie pas une fille, car, dit-il, il l’épouserait. Je regarde ses cheveux blancs avec un sourire.
Il comprend et s’excuse de cette vieillesse apparente qui est le résultat de la vie dure qu’il mène…
Le reste de la traversée se passa sans incident. Naser bey, le délégué de l’Irak, me tient les conversations les plus intéressantes. J’apprends qu’il descend de « Hachimites » (famille de Mohamed) et qu’il est ancien chef de protocole de l’émir Fayçal, roi de l’Irak. Il connaît, naturellement, tous les usages arabes et musulmans, et m’explique en détail