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LE MARI PASSEPORT

par mon mari quelles sont les raisons que peut alléguer le Haut-Commissariat pour m’empêcher de rentrer en Syrie. « On craint, me dit-il, les manifestations pour ou contre toi, qui viendraient troubler l’ordre public ». N’avait-on pas, en effet, insinué, pour trouver une explication au fait que je partage souvent la vie des Bédouins dans le désert, que je voulais me faire proclamer reine des Bédouins ? Pauvres esprits de fonctionnaires et de politiciens, qui voient tout le monde à leur image et ne peuvent même pas croire à une simple amitié avec des tribus indigènes sans imaginer immédiatement d’absurdes ambitions.

À peine débarquée à Haïfa, j’écris une lettre au haut-commissaire, lui disant que je trouve inadmissible la mesure prise contre moi, et qu’il est lamentable de constater qu’après dix ans de politique en Syrie ils en soient à redouter une simple femme et ses amitiés arabes. À quoi cela servait-il de m’aider à me sauver, pour m’accabler ensuite davantage ? Je considère que tout est de la faute des autorités françaises en Syrie, qui ont dû me signaler comme espionne au cheik Abdel Raouf, consul du Nedj à Damas. Je tiens à préciser que je ne puis prouver cette accusation, mais il me semble certain que mes horribles ennemis de la légation de Damas qui, depuis longtemps, désiraient mon départ, auront donné au consul du Nedj les pires renseignements sur moi. Ce cheik étant un représentant officiel n’a pu s’adresser qu’à d’autres personnalités officielles, ce qui explique l’importance qu’il a attachée à ces renseignements, qu’il a cru de son devoir de transmettre à son roi.

Il est d’ailleurs certain qu’il a été en rapport avec M. Véber, délégué par intérim, (connu par