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LE MARI PASSEPORT

Un musulman qui n’assisterait pas à ces manifestations n’aurait plus droit aux grâces spéciales du pèlerinage. Un fidèle n’a d’ailleurs le titre de « hadj », même s’il a passé un an à Médine ou à la Mecque, que s’il a accompli ce rite sacré. La tradition dit que c’est sur ce sommet qu’Adam et Ève, chassés du paradis terrestre, séparés, ayant même erré des années à la recherche l’un de l’autre, finirent par se rencontrer. De là, le nom de la montagne, El Arafat, qui signifie : la montagne de la reconnaissance.

Le lendemain, Soleiman vient en retard d’une heure au rendez-vous promis. Mais, rassuré, il sourit avec béatitude. Il est accompagné d’un Arabe qu’il dit être secrétaire au consulat du Nedj.

Soleiman postule tout de suite un bakchich pour ce Nedjien, afin, dit-il, de faciliter les choses près du consul. Je m’y refuse catégoriquement. Il faut qu’il perde cette fâcheuse habitude de me considérer comme une banque ouverte.

Nous partons à travers la ville, vers le consulat. Là règne une atmosphère absolument neuve, on se sent dans la plus délicate tradition du véritable Islam. Un menzoul consacre l’importance de la maison ; c’est une pièce où le café est servi en permanence à tout visiteur.

Qu’on imagine le feu de charbon de bois, au milieu de la pièce, sur lequel chauffent constamment plusieurs cafetières à long bec. Des domestiques servent le café et offrent des cigarettes.

Nous ne buvons pas, nous voulons voir le consul.

C’est le cheik Abdel Raouf.

Le voici justement dans l’escalier : un homme digne, presque majestueux. Son costume est simple, mais le kéfié est retenu par un agal d’or, signe de