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CONVERSION

lieu saint, d’un accès particulièrement difficile. C’est aussi une dépense qui exige de la plupart des pèlerins des années d’économies et de privations.

Le cheik termine son enseignement en le résumant par cette maxime du kalife Omar-Ebn-Abdel-Aziz : « La prière nous conduit à mi-chemin du trône de Dieu, le jeûne nous met à la porte de son palais et la charité nous en donne l’entrée ».

La plainte du muezzin retentit tout à coup, appelant les fidèles de sa voix triste et gutturale.

Nous nous inclinons et nous prosternons en touchant le sol de notre front. Ma première prière s’élève vers Allah.

À partir d’aujourd’hui il m’est défendu, sous peine de pécher, de manger du porc, de boire du vin et de l’alcool, de jouer aux cartes ou à tout autre jeu de hasard pour de l’argent. L’usure est naturellement défendue et même la perception d’un intérêt normal : l’argent déposé en banque ne doit rapporter aucun intérêt.

Je remplis encore les formalités que demande le cheik Tewfik : j’indique la date de ma naissance, le nom de mon père, de ma mère, etc.

Le cheik se rend alors auprès du cadi pour demander l’autorisation de célébrer notre mariage et d’achever ma conversion.

Soleiman et moi, nous nous réjouissons de voir nos affaires prendre une aussi bonne tournure. Je me couche tout habillée et surveille Soleiman du coin de l’œil. Je le vois revenir de ses ablutions, il enlève son manteau et sa robe brune, ne gardant que sa grande tennoura blanche en guise de chemise. Nous nous souhaitons poliment une bonne nuit et il se couvre la tête de son kéfié, en rabattant toutes les couvertures sur sa figure : habitude du désert de se protéger la face.