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LE MARI PASSEPORT

l’autre en pantalons et tarbouche, qui viennent à ma rencontre. Ce sont Soleiman et Azem qui me cherchent, paraît-il, depuis longtemps ; mon « passeport » n’a pas osé se présenter à moi, seul. Il compte sur la sympathie que j’ai pour Azem, et s’en sert comme tampon. Mais je suis sourde à leur amabilité et je garde un silence obstiné. Je ne le romps enfin que pour refuser à Soleiman d’aller le soir, avec lui, au cinéma, offre colossale et ultime avec laquelle il espérait m’attendrir, toutes ses demandes de pardon ne m’ayant pas touchée.

Ils me supplient de rester, promettent d’exécuter tous mes désirs dorénavant. Soleiman ne se rendait pas compte de la valeur de l’argent. Il s’était plusieurs fois trompé, considérant que la piastre valait le cinquième du franc, comme en Syrie, alors qu’en Palestine, la piastre est l’unité. Je n’avais pu jusqu’à ce jour le lui faire comprendre, mais je profitai de son désarroi pour régler la question pécuniare entre nous. Je lui notifiai que je ne lui confierais plus un sou. Pendant mon absence de deux jours à Beyrouth, n’avait-il pas dépensé plusieurs livres, sans pouvoir m’en expliquer l’emploi…

Le lendemain de cette scène, nous allons au « makamé Charayé », tribunal religieux, où nous apprenons enfin que mon certificat est arrivé. Je suis musulmane en bonne et due forme, ainsi l’atteste la pièce justificative en arabe et en anglais. Le Cadi autorise le mariage et, dans un petit discours éloquent, nous souhaite joie et prospérité. Il envie notre bonheur de pouvoir aller à la Mecque.

Nous envoyons Azem à la recherche du cheik Tewfik, avec le très précieux papier, tandis que nous rentrons à l’hôtel pour préparer la cérémonie du mariage et le départ.

Il s’agit d’abord de trouver des témoins ; je