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LE MARI PASSEPORT

Au moment de me déshabiller, Soleiman refusa de quitter notre chambre selon son habitude. Au milieu de la pièce, se croisant les bras, il me dévisagea avec autorité. Je sors immédiatement et commence à me dévêtir dans le hall de l’hôtel. Comme j’allais me trouver nue, Soleiman apparaît. Il est consterné et me prie de rentrer d’urgence pour éviter le scandale qu’il prévoit. Il s’excuse et me dit avec soumission :

— Ordonne, t’obéir sera doux pour moi.

Je suis contente d’avoir le dernier mot, il est utile que je sache d’avance les limites de ma puissance sur ce barbare. Mais cette nouvelle correction n’a-t-elle pour but que de me mettre plus en confiance, pour le temps où il sera mieux armé : chez Ibn Séoud ?

Il y faisait souvent allusion.

— Tu sais, lorsque nous serons à Oneiza, il faudra coucher dans mon lit.

— Tu connais mes conditions ?

— Oui ! mais là-bas, mon père, ma mère, les esclaves qui viendront nous porter de l’eau le matin devront nous trouver sur la même couche. Si on découvrait que tu n’es pas ma femme, on te tuerait et le roi me ferait couper le cou.

— Tu sais bien que vous n’avez pas de lit ; que je dorme sur le sol à un mètre ou plus près de toi, ce sera la même chose. Personne n’en verra plus long. Et puis, nous verrons sur place comment les choses se présenteront.

Soleiman était terrifié par la sévérité de la police d’Ibn Séoud, dans le Nedj.

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