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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/163

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DE MARGUERITE DE VALOIS.

presentant au Roy : que c’estoit l’honneur et l’accroissement de la France ; que ce seroit une invention pour empescher la guerre civile, tous les esprits remuans et desireux de nouveauté ayants moyen d’aller en Flandre passer leur fumée et se saouler de la guerre ; que cette entreprise serviroit aussi, comme le Piedmont, d’escole à la noblesse de France pour s’exercer aux armes, et y faire revivre des Montlucs[1] et Brissacs[2], des Termes[3] et des Bellegardes[4], tels que ces grands mareschaux, qui, s’estans façonnez aux guerres du Piedmont, avoient depuis si glorieusement et heureusement servy le Roy et leur patrie.

Ces remonstrances estoient belles et veritables ; mais elles n’avoient tant de poids qu’elles peussent emporter en la balance l’envie que l’on portoit à l’accroissement de la fortune de mon frere y auquel l’on donna tous les jours nouveaux empeschemens, pour le retarder d’assembler ses forces et les moyens qui luy estoient necessaires pour aller en Flandre ; lui faisant cependant à luy, à Bussy et à ses aultres serviteurs, mille indignitez, et faisant attaquer plusieurs querelles à Bussy, tantost par Quelus, tantost par Grammont, de jour, de nuict et à toutes heures, estimants qu’à quelqu’une de ces allarmes mon frère s’y precipiteroit : ce qui se faisoit sans le sceu du Roy. Mais Maugiron qui le possedoit lors, et qui, ayant quicté

  1. Blaise de Lasseran, seigneur de Montluc.
  2. Charles de Cossé, comte de Brissac.
  3. Paul de La Barthe, seigneur de Termes
  4. Roger de Saint-Lary, seigneur de Bellegarde.