diſt Hircan, voz loix ſont trop dures. Et ſi les femmes vouloiẽt (ſelon voſtre aduis) eſtre rigoureuſes, auſquelles la douleur eſt tant ſeante, nous changerions auſsi noz doulces ſupplications en fineſſes & forces. Le meilleur que i’y voye, diſt Simontault, c’eſt que chacun ſuiue ſon naturel : qu’il aime, ou qu’il n’aime point, le monſtre ſans diſsimulation. Pleuſt à Dieu, diſt Saffredent, que ceſte loy apportaſt autant d’honneur, qu’elle feroit de plaiſir. Mais Dagoucin ne ſe peut tenir de dire : ceux qui vouldroient mourir pluſtoſt que leur volonté fuſt congneuë, ne ſe pourroient accorder à voſtre ordonnance. Mourir ! diſt Hircan, encor eſt il à naiſtre le cheualier qui pour telle choſe publique vouldroit mourir. Mais laiſſons ces propos d’impoſſibilité, & regardons à qui Simontault donnera ſa voix. Ie la donne, diſt Simontault, à Longarine : car ie la regardois tantoſt qu’elle parloit toute ſeule, ie penſe qu’elle recorde quelque bon rolle, & ſi n’a point accouſtumé de celer la verité, ſoit contre homme ou contre femme. Puis que m’eſtimez ſi veritable, (diſt Longarine) ie vous racompteray vne hiſtoire, que nonobſtant qu’elle ne ſoit tant à la louange des femmes que ie vouldrois, ſi verrez vous qu’il y en a ayãs auſsi bon cueur, auſsi bon eſprit, & auſsi pleines de fineſſes, comme les hommes. Si mon compte eſt vn peu long, vous aurez patience.
NOVVELLE QVINZIESME.
n la court du Roy François premier, y
auoit vn gẽtilhomme, duquel ie cognois ſi
bien le nom, que ie ne le veulx point nommer.
Il eſtoit pauure, n’ayant point cinq cẽs
liures de rente, mais tant eſtimé du Roy,
pour les vertuz dont il eſtoit reueſtu, qu’il
vint à eſpouſer vne femme ſi riche, qu’vn
grãd ſeigneur ſ’en fut bien cõtenté. Et pource qu’elle eſtoit encore
bien ieune, pria vne des plus grandes dames de la court de
la vouloir tenir auec elle, ce que’lle feit treſuolontiers. Or eſtoit