Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome I.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
Ire NOUVELLE

Et le Procureur disoit : « Ceste cy sera pour le Roy de qui je veulx estre aimé, & ceste cy pour mon seigneur le Chancellier d’Allençon Brinon. »

Gallery luy dist :

« Il faut mectre ces ymaiges soubz l’autel, où ilz orront leur messe, avecq des parolles que je vous feray dire à l’heure. »

Et, en parlant de ceulx qui avoyent les bras baissez, dist le Procureur que l’une estoit Maistre Gilles Du Mesnil, père du trepassé, car il sçavoit bien que, tant qu’il vivroit, il ne cesseroyt de le poursuivre, & une des femmes qui avoyt les mains pendantes estoyt Ma Dame la Duchesse d’Allençon, seur du Roy, parce qu’elle aymoit tant ce viel serviteur & avoit en tant d’autres choses congneu sa meschanceté que, si elle ne mouroyt, il ne pouvoit vivre. La seconde femme, aiant les bras pendans, estoit sa femme, laquelle estoit cause de tout son mal, & se tenoit seur que jamays ne s’amenderoit de sa meschante vie.

Quant sa femme, qui voyoit tout par le pertuis de la porte, entendit qu’il la mectoit au rang des trespassez, se pensa qu’elle le y envoiroit le premier, &, faingnant d’aller empruncter de l’argent à ung sien oncle, nommé Neaufle, Maistre des Requestes du Duc d’Alençon, luy va compter ce qu’elle avoyt veu & oy de son mary. Le dict