Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/29

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DOUZIESME NOUVELLE


Le Duc de Florence, n’ayant jamais peu faire entendre à une Dame l’affection qu’il luy portoit, se découvrit à un Gentil homme, frère de la Dame, & le pria de l’en faire jouyr. Ce qu’après plusieurs remontrances au contraire, luy accorda de bouche seulement, car il le tua dedans son lit, à l’heure qu’il espèroit avoir victoire de celle qu’il avoit estimée invincible, & ainsi, délivrant sa patrie d’un tel tyran, sauva sa vie & l’honneur de sa Maison.


epuis dix ans en çà, en la Ville de Florence y avoit un Duc, de la Maison de Médicis, lequel avoyt espousé Madame Marguerite, fille bastarde de l’Empereur, &, pour ce qu’elle estoit encores si jeune qu’il ne luy estoit licite de coucher avecq elle, attendant son aage plus meur, la traicta fort doulcement, car, pour l’espargner, fut amoureux de quelques autres Dames de la Ville, que la nuict il alloit veoir tandis que sa femme dormoit.