Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/373

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TRENTE HUICTIESME NOUVELLE


Une Bourgeoise de Tours pour tant de mauvais traitemens qu’elle avoit reçeus de son mary luy rendit tant de biens que, quittant sa maitresse qu’il entretenoit paisiblement, s’en retourna vers sa femme.


n la Ville de Tours y avoyt une Bourgeoise belle & honneste, laquelle pour ses vertuz estoyt non seullement aymée, mais craincte & estimée de son mary. Si est ce que, suyvant la fragilité des hommes qui s’ennuyent de manger bon pain, il fut amoureux d’une Mestayère qu’il avoyt & souvent s’en partoyt de Tours pour aller visiter sa mestayrie, où il demeuroit tousjours deux ou trois jours, &, quant il retournoyt à Tours, il estoit tousjours si morfondu que sa pauvre femme avoyt assez à faire à le guarir. Et, si tost qu’il estoyt sain, ne failloyt poinct à retourner au lieu où pour le plaisir oblyoyt tous ses maulx.