sont en leurs responces, elles feroient désespérer plus de pécheurs qu’elles n’en attireroient à salut, par quoy l’Eglise en toute sorte y a bien pourveu. Mais si ne veulx je pas pour cela excuser les Gentilz hommes qui se vantèrent ainsy de leur prison, car jamais homme n’eut honneur à dire mal des femmes.
— Puis que le faict estoit commun, » dist Hircan, « il me semble qu’ils faisoient bien de consoler les ungs aux aultres.
— Mais, » dist Geburon, « ilz ne le devoient jamais confesser pour leur honneur mesmes, car les livres de la Table ronde nous apprennent que ce n’est poinct honneur à ung bon Chevalier d’en abattre ung qui ne vault rien.
— Je m’esbahys, » dist Longarine, « que ceste pauvre femme ne moroit de honte devant ses prisonniers.
— Celles qui l’ont perdue, » dist Oisille, « à grand peyne la peuvent elles jamais reprendre, sinon celle que fort amour a faict oblier. De telles en ay je veu beaucoup revenir.
— Je croy, » dist Hircan, « que vous en avez veu revenir celles qui y sont allées, car forte amour qui est en une femme est malaisée à trouver.
— Je ne suys pas de vostre opinion, » dist Longarine, « car je croy qu’il y en a qui ont aymé jusques à la mort.
— J’ay tant d’envye d’oyr ceste nouvelle, » dist Hircan, « que je vous donne ma voix pour congnoistre aux femmes l’amour que je n’ay jamais estimé y estre.
— Or, mais que vous l’oyez, » dist Longarine, « vous le croyrez, & qu’il n’est nulle plus forte passion