d’aultruy. En parlant à ses propos se asseyèrent devant l’ouvrouer d’un Apothicaire, où estoit ung varlet qui les escoutoit & pensa incontinant de leur donner à desjuner.
Il saillyt de sa bouticque dans une rue où chacun alloyt faire ses nécessitez & trouva ung grand estronc tout debout, si gellé qu’il sembloyt ung petit pain de sucre fin ; incontinant l’enveloppa dedans ung beau papier blanc, en la façon qu’il avoyt accoustumé, pour en faire envye aux gens & le cacha en sa manche, & s’en vint passer par devant ce Gentil homme & cest Advocat, laissant tumber assez près d’eulx comme par mesgarde ce beau pain de sucre, & entre dans une maison où il faingnoit de le porter.
Le Seigneur de la Tirelière se hasta de relever vistement ce qu’il cuydoyt estre ung pain de sucre &, ainsy qu’il le levoit, le Varlet de l’Apothicaire retourna, serchant & demandant son pain de sucre partout.
Le Gentil-homme qui le pensoyt avoir bien trompé, s’en alla hastivement avecq son compère en une taverne, en luy disant :
« Nostre desjuné est payé aux despens de ce Varlet. »
Quant il fut en la maison, il demanda bon pain, bon vin & bonnes viandes, car il pensoyt bien avoir de quoy paier. Ainsy qu’il commençea à se