Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CINQUANTE SEPTIESME NOUVELLE


Un Millor d’Angleterre fut sèt ans amoureux d’une Dame sans jamais luy en oser faire semblant, jusques à ce qu’un jour, la regardant dans un pré, il perdit toute couleur & contenance par un soudain batement de cueur qui le preind ; lors elle, se montrant avoir pitié de luy, à sa requeste meit sa main gantée sur son cueur, qu’il serra si fort, en luy déclarant l’amour que si long temps lui avoit portée, que son gant demeura en la place de sa main, que depuis il enrichit de pierreries & l’atacha sur son saye à coté du cueur, & fut si gracieus & honneste serviteur qu’il n’en demanda oncques plus grand privauté.


e Roy Lois unziesme envoia en Angleterre le Seigneur de Montmorency pour son ambassadeur, lequel y fut tant bien venu que le Roy & tous les Princes l’estimoient & aimoient fort, & mesmes lui communicquoient plusieurs de leurs affaires secretz pour avoir son conseil.