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Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/186

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VJe JOURNÉE

que je m’accorde à toutes lois que l’on voudra, mais j’ay pitié des jeunes gens à qui vous voulez oster ung si petit contentement, & faire nul le commandement de Sainct Pol qui veult que l’on baise in osculo sancto.

— Si sainct Pol eut esté tel homme que vous, » dist Nomerfide, » nous eussions bien demandé l’expérience de l’esperit de Dieu qui parloit en luy.

— À la fin, » dist Geburon, vous aymerez mieulx doubter de la saincte Escripture que de faillir à l’une de vos petites sérymonies.

— Ja à Dieu ne plaise, » dist Oisille, « que nous doubtions de la saincte Escripture veu que si peu nous croyons à vos mensonges, car il n’y a nulle qui ne sçache bien ce qu’elle doibt croyre ; c’est de jamais ne mectre en doubte la parolle de Dieu & moins adjouster foy à celle des hommes.

— Si crois je, » dist Simontault, « qu’il y a eu plus d’hommes trompez par les femmes que par les hommes ; car la petite amour qu’elles ont à nous les gardent de croyre noz véritez, & la très grande amour que nous leur portons nous faict tellement fier en leurs mensonges que plus tost nous sommes trompez que soupsonneux de le povoir estre.

— Il semble, » dist Parlamente, « que vous ayez oy la plaincte de quelque sot déçu par une folle, car vostre propos est de si petite auctorité qu’il a besoing d’estre fortifié d’exemple ; par quoy, si vous en sçavez quelcun, je vous donne ma place pour le racompter. Et si ne dis pas que pour ung mot nous soyons subjectes de vous croyre, mais, pour vous escouter dire mal de nous, noz oreilles n’en