Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/221

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SOIXANTE ET UNIESME NOUVELLE


Un mary se réconcilie avec sa femme, après qu’elle eut vescu quatorze ou quinze ans avec un Chanoine d’Authun.


uprès de la ville d’Authun y avoyt une fort belle femme, grande, blanche & d’autant belle façon de visaige que j’en aye poinct veu, & avoyt espousé un très honneste homme qui sembloyt estre plus jeune qu’elle, lequel l’aymoyt & traictoyt tant bien qu’elle avoyt cause de s’en contanter.

Peu de temps après qu’ilz furent mariez la mena en la ville d’Authun pour quelques affaires &, durant le temps que le mary pourchassoyt la Justice, sa femme alloyt à l’église prier Dieu pour luy, & tant fréquenta ce lieu sainct que ung Chanoine fort riche fut amoureux d’elle & la poursuivyt si fort que la pauvre malheureuse s’accorda à luy,